Abidjan, 2025.
Depuis sa création en 1963, le Trésor Public de Côte d’Ivoire s’est progressivement imposé comme un pilier central de la gouvernance publique, un bastion de la rigueur budgétaire, et un acteur incontournable de la transformation de l’État. Soixante-deux années d’évolution, de résilience et d’innovation ont façonné cette institution en profondeur. Aujourd’hui, il se dresse comme une Administration de référence dans l’espace francophone africain.
Des fondations souveraines à l’épreuve des premières secousses (1963–1990)
Au lendemain de l’indépendance, la jeune République ivoirienne pose les bases de sa souveraineté économique. Le décret du 14 décembre 1962 consacre la naissance du Trésor Public, avec Sery Gnoléba comme premier Trésorier Payeur Général ivoirien. Durant cette phase fondatrice, le Trésor devient l’outil stratégique du développement : extension des services régionaux, appui aux politiques agricoles, structuration des dépenses publiques.
Mais l’euphorie des années 70 cède le pas à la crise des matières premières. Le choc cacaoyer des années 80 marque une rupture. Diarra Oumar et Coulibaly N’Golo conduisent alors l’institution dans une logique d’austérité salvatrice. Le Trésor devient le gardien des équilibres face aux turbulences économiques.
Les années 1990–2000 : entre réformes comptables et instabilité politique
Sous la direction de Koffi Christian, puis de Bouadou Eba Julien, les défis se multiplient. L’année 1994, marquée par la dévaluation du franc CFA, impose une révision profonde des pratiques. La mise en place du progiciel ASTER (1997) amorce une transformation numérique des processus comptables. Malgré les troubles politiques et le coup d’État de 1999, le Trésor assure sa mission de continuité républicaine. Yai Eugène, nommé en 2000, incarne cette stabilité dans un contexte volatil.
L’ère Diby (2001–2008) : de la rigueur à la culture de performance
Le tournant est historique : Charles Koffi Diby devient le premier Directeur Général nommé par appel à candidature. Il imprime une dynamique managériale nouvelle, fondée sur la responsabilisation, l’excellence opérationnelle et la valorisation des agents. Il pose les bases du “Trésor Public de la confiance retrouvée”, entre maîtrise des dépenses, réorganisation interne et réforme statutaire. Le bien-être des agents devient un levier stratégique de performance.
2008–2016 : entre crise politique et continuité institutionnelle
DJEDJÉ Mama Ohoua Simone, première femme à la tête de l’institution (2008–2010), pilote le Trésor dans une période préélectorale tendue. Elle incarne la rigueur et l’apaisement. Son successeur, KONÉ Adama (2010–2016), amorce une professionnalisation en profondeur des métiers du Trésor. Il renforce les dispositifs de contrôle interne et prépare le terrain à l’émergence d’une administration numérique.
Assahoré Konan Jacques (2016–2023) : vers le Trésor numérique
L’avènement de la digitalisation marque un changement d’échelle. Sous la houlette d’Assahoré Konan Jacques, l’institution connaît une modernisation accélérée : TrésorPay, TrésorMoney, interconnexion ASTER–SIGFIP, Certification ISO 9001:2015, création d’un Centre de relation client. Le Trésor devient une vitrine de l’État moderne, tout en consolidant l’éthique du service public et la reconnaissance des ressources humaines.
Ahoussi Arthur Augustin Pascal (2024– ) : l’âge de la maturité institutionnelle
Depuis février 2024, AHOUSSI Arthur Augustin Pascal imprime une vision d’agilité, de proximité et d’humanité. Il inscrit le Trésor dans l’ère de la maturité numérique et citoyenne, tout en maintenant une exigence élevée de performance. Son credo : faire du Trésor Public, une Administration excellente et intègre au service du citoyen et des parties prenantes.
Une trajectoire exemplaire dans l’histoire de l’État ivoirien
Que dire! À travers ses 62 années, le Trésor Public de Côte d’Ivoire aura connu toutes les épreuves : réformes, chocs économiques, crises sociopolitiques, défis structurels. Mais il aura surtout su s’adapter, se transformer, et anticiper les mutations de l’environnement.
Aujourd’hui, il est à la fois mémoire institutionnelle et moteur de la transformation publique. Derrière les bilans comptables se cachent des visages, des choix, des valeurs, et un engagement collectif inébranlable au service de l’intérêt général.
Par Norbert KOBENAN
Inspecteur Vérificateur Principal
Coordonnateur de la Cellule de Généralisation et de Gestion de la Plateforme TrésorPay–TrésorMoney
